Raphaele Duchange

« Produire, une œuvre peinte polymorphe, animée d’excroissances aberrantes, de volumes cachés derrière des voiles, voilà comment apparaît ma peinture. Je travaille beaucoup l’aluminium, la couverture de survie, la feuille d’or, le miroir  qui donnent un aspect minéral. Un jeu de transparences, de reflets incluent le spectateurs et l’environnement.. J’utilise aussi du latex, la mousse expansive, le silicone, les sequins, la fourrure, les plumes, la laine de verre …

Mes peintures, qui sondent la matière et la couleur dans une recherche continue d’instabilité, se situent entre «le chaos bachique et une organisation bâtarde »

Je traite les corps dans leur état d’infinie absorption. Les couleurs forment une radiation dans un paysage organique. Je cherche à reconstituer une nature synthétique, malade que l’on trouve dans la réalité. Dans la nature, je traque le factice: arbres ou lichens aux surfaces plastifiés, mer d’aluminium, baleineau dont le corps vrille façon papier mâché. L’idée du faux, de l’artifice, voilà ce qui m’attire et conditionne beaucoup mon travail.

La brutalité, la sauvagerie de certains films m‘inspirent. Je peux aussi être influencée par des écrivains, des peintres du moyen age, de la renaissance, des chorégraphes, des jeux vidéo . Il ne s’agit jamais de citation directe mais plutôt d’une attention à un détail, à un climat.

Je travaille le surlumineux, l’incontinent.

. Les matériaux que j’utilise sont toquards, ingrats, de la breloque bariolée ajoutés à des matériaux nobles pour jouer sur une confrontation ordure-orfèvrerie. J’explore la clarté de la boue, le létal de la couleur.

Ma peinture ne s’accomplit pas dans la synthèse, mais dans la distorsion. Je sers les aberrations. Tout devient ambivalent, réversible.

Je veux restituer la part hétérogène et vivante de la matière. Je cherche le point maximal de dissonance audible. »

Rapahele Duchange a participé à l’exposition Parenthèses Artistiques (2022) de la D Galerie.