Anaïs Lelièvre (née en 1982 aux Lilas) est diplômée des Beaux-Arts de Rueil-Malmaison (DNAP en 2011) et de Rouen (DNSEP en 2013), et de l’université Paris 1 (Doctorat en 2012). Elle participe à des expositions et résidences en France et à l’étranger (Islande, Brésil, Espagne, Afrique, Japon, Autriche, etc.), et produit des installations et performances pour des lieux spécifiques. Sa création est polymorphe, tant incarnée que contextuelle, nouant l’interne et l’externe, les replis du vivant et le déploiement vers une diversité de sites et de formes. Parmi ses productions les plus importantes : Flottement cellulaire, installation flottante de photographies numériques en très gros plan de sa langue (Lac des Buttes Chaumont, Nuit blanche de Metz, Horizons en Sancy, etc.) ; les CLOCS, sculptures-performances métamorphiques de vêtements cousus à l’élastique (Nuit blanche à Paris, Le Cube, Les Iconoclasses de la Galerie Duchamp, Le Musée des Antiquités de Rouen, etc.) ; et des dessins étendus sur très grand format jusqu’à former des environnements immersifs par démultiplication numérique (résidence CArtes au Brésil, etc.).
Anaïs Lelièvre a participé à l’exposition FLUIDE (2018) de la D Galerie.
Anais Lelièvre présentait Cristal (Recife), 2017-2018, une série de dessins sur verre.
SERIE : Ramenée d’une résidence au Brésil, une géode cristalline donne lieu dans l’après-coup à cette série de dessins sur verre. En cherchant à retranscrire les dynamiques internes à la formation de cette pierre, le processus qui s’y immerge, en reconstruit l’éclatement : la fragmentation de la même figure, avec agrandissements, ouvre la possibilité d’une multiplicité croissante de dessins. Et l’éclat du verre vient jouer en vibrations avec les ombres portées, variant au fil de la journée. Le processus de travail éprouve, dans le glissement de l’encre sur la surface lisse, une approche fluide du minéral. Et à s’en rapprocher, les lignes se stratifient de mots qui renvoient à l’expérience loin-près, partir-revenir, de ces dessins comme de ce voyage au Brésil cristallisé dans un fragment de pierre.
Anaïs Lelièvre développe une production polymorphe tant incarnée que contextuelle, nouant l’interne et l’externe, les replis du vivant et le déploiement vers une diversité de sites et de formes. Le primat est donné à la matière, incarnée et indistincte, dont la force de croissance impulse ses métamorphoses internes autant que ses relations au monde. Dans ce processus incertain, les médiums rebondissent et se combinent, donnant lieu à des manifestations hybrides et transitoires : installations de photographies numériques de corps étendues à l’échelle du paysage ; langage défait ou émergeant à travers l’écriture, le dessin, la vidéo, la sculpture, l’installation ; sculptures-performances métamorphiques de vêtements cousus à l’élastique qui s’animent d’une vie indéfinie ; dessins griffonnés, gorgés de mots raturés, entre notes de recherches et déploiement immersif ; céramiques dont la matière percutée devient graphique, jouant d’une affinité trouble avec les dessins… Un même fil esthétique transite des lignes vibratiles aux plis sculptés et performés qui prolifèrent à l’échelle d’une multiplicité de sites. La matière profuse et incertaine y est à la fois chaos et matrice, plissée et en déploiement, trou noir et émergence hallucinatoire : elle est lave et cellule, pustule et habitat, constellation et pollution, dedans et dehors, sans être l’un ou l’autre. Opérant souvent par déstructuration (fusion, brouillage, ébullition, plissement, froissage, rature, gribouillis, recouvrement…), le processus cherche à donner forme à l’indéterminé, à ce qui existe avant toute mise en forme, telle une puissance germinante non encore structurée mais impulsée par la vie.
Actuellement, Anaïs Lelièvre explore les dynamiques en jeu dans le minéral et le végétal pour produire des installations de dessins qui croissent ou se diffractent dans l’espace.